Interview de Philippe Cassegrain, Directeur général de la Maison de Retraite du Petit-Saconnex

Le 6 avril 2021

Philippe Cassegrain, Directeur général de la Maison de Retraite du Petit-Saconnex, partage son expérience sur la gestion de cette honorable institution qui figure parmi les plus importantes du canton de Genève. Il évoque avec nous l’avenir de cette Maison, qui a fêté en 2019 ses 170 ans. Le projet « Côté Parc » lui permet d’ouvrir une nouvelle ère.

Présentez-nous la philosophie de la MRPS, que vous gérez depuis plus de 5 ans.

Notre raison d’être réside dans un accompagnement global de nos résidants, que nous plaçons au cœur de notre mission. La maison de retraite ne doit pas être considérée comme un seul lieu de soins, mais comme un véritable lieu de vie. Nous accompagnons nos résidants dans leurs projets, nous leur proposons des animations. Ils tissent d’ailleurs des liens forts avec l’ensemble de nos collaborateurs, et pas uniquement avec le personnel soignant. Nos mots d’ordre sont la bienveillance et la bientraitance. Le Label Sonate, qui promeut la bientraitance en institution, nous est d’ailleurs décerné chaque année depuis sept ans.

« Côté Parc » est un projet d’avenir important pour la MRPS. Y en a-t-il d’autres ?

Oui, nous menons d’autres projets d’importance, liés au cœur de notre métier. Le premier est l’ouverture d’une unité spécialisée de psychogériatrie d’ici à fin 2021. La prise en charge y sera adaptée à la situation cognitive des résidants. Ce projet répond à un besoin sociétal.  Aujourd’hui, nos résidants arrivent en maison de retraite à un âge souvent avancé, et des troubles cognitifs sévères sont régulièrement observés. Le personnel qui sera en charge de cette unité a suivi une formation spécifique. Le lieu sera sécurisé, afin de permettre aux résidants de se déplacer.

Nous allons également transformer, d’ici à 2022, un de nos bâtiments dédiés aux résidants indépendants en un immeuble avec encadrement pour personnes âgées (IEPA). Ce projet entre dans la stratégie de l’institution, qui consiste à offrir tout ce qu’il est possible d’offrir : un EMS, une unité d’accueil temporaire de répit (UATR) et les résidences privées (Colladon). Ce bâtiment sera doté d’infrastructures adaptées, avec domotique et éléments de sécurité.

Comment est né le projet « Côté Parc » ? 

Les premières discussions remontent au printemps 2016, lorsque nous avons exploré avec Losinger Marazzi la situation de la parcelle, le bâti et les possibilités importantes de développement. Avec ce projet, l’objectif de la MRPS est double : les possibilités de revenus complémentaires nous permettront d’entretenir notre parc immobilier qui est vieillissant, et le second objectif, qui me tient particulièrement à cœur, est de désenclaver la maison de retraite. En développant ce projet, nous la rendons encore plus actrice de l’activité du quartier.

Il faut savoir qu’à ce jour, nous développons déjà des activités avec le cercle du Petit-Saconnex – qui regroupe 15 associations au total. Nous avons des interactions avec les parents d’élèves des écoles voisines, avec la Fédération de la Croix-Rouge et du Croissant rouge, ainsi qu’avec la crèche qui existe déjà dans nos murs. Avant la crise sanitaire, les enfants venaient régulièrement goûter avec les résidants. J’ai une devise : l’intergénérationnel ne se décrète pas, il faut une volonté de toutes les parties. Ce projet va amener encore plus de vie et de mixité sociale dans ce quartier. Cette opportunité et les conditions réunies sont uniques.

Avez-vous dû convaincre vos instances sur les qualités du projet ?

Je dois admettre qu’il fut relativement facile de convaincre nos instances, parce qu’il s’agit d’un projet harmonieux et qu’il n’est pas excessif en termes de surface bâtie. Nous n’avons pas souhaité densifier à tout prix, car nous avons toujours dit à nos partenaires que notre priorité n’est pas financière. La commission administrative et les autorités de tutelle se sont montrées enthousiastes face à un projet qu’elles ont jugé comme étant équilibré. Avec « Coté Parc », la notion de mixité intergénérationnelle est concrète.

Le parc fait partie des atouts majeurs du projet…

Le projet permet d’embellir ce parc et de lui redonner plus de vie. Des installations seront ajoutées à l’attention des usagers :  de nouveaux chemins de promenade, plus adaptés pour les résidants, du mobilier extérieur, des animations pour les futurs locataires des immeubles, ainsi qu’un parcours senior sportif, accessible aux seniors et aux personnes plus âgées. Les espaces verts y occuperont une place de premier ordre, puisqu’ils vont notamment remplacer le parking visiteur actuel et qu’il n’y aura pas de circulation automobile en surface. Nous allons faire de ce parc, qui est aujourd’hui un lieu de passage, un lieu de vie.

Projetons-nous en 2023, lorsque « Côté Parc » aura vu le jour. Quels en seront ses bénéfices sociaux ?

Nous pourrons nous tourner sur la relation avec tous les habitants du quartier, et mener des actions concrètes qui permettront l’interaction entre les locataires, les résidants et les collaborateurs. Nous souhaitons mettre en place une vraie politique intergénérationnelle et inter-sociale, avec un lieu de vie multiple, qui permette aux résidants de sortir de leur cocon et de profiter d’un parc embelli. Notre vision englobe également l’aspect environnemental : les jardins supplantent les véhicules, les lieux de passage deviennent des lieux de rencontres et d’échanges, et la localisation permet un réel encouragement à la mobilité douce.

Portrait
Philippe Cassegrain, né à Paris en 1955

Etudes universitaires à Genève en économie d’entreprise.

Parcours                                          Givaudan, Clinique Cécile (VD) et Clinique Générale Beaulieu (GE)

Un objectif professionnel            Donner une impulsion nouvelle à la MRPS

Un objectif personnel                   Parcourir à pieds les sentiers de Lake District en Grande-Bretagne.